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22 juin 2010 2 22 /06 /juin /2010 10:16

Émile qui comptait venir nous rejoindre ne pourra pas le faire pour des raisons de santé. Il nous a écrit un texte évoquant sa période à l'École Normale d'Albertville.

J’ai donc essayé, conformément à tes vœux, de reconstituer un épisode cocasse de notre vie de normalien, épisode qui peut sembler insignifiant à nos regards d’aujourd’hui, mais qui nous avait mobilisés pendant des semaines… Et fait rêver, …rêver. Le texte te paraîtra bien long, car j’ai voulu redécouvrir notre état d’esprit de l’époque (…esprit pionnier et rédempteur laïque !!) qui semble ridicule maintenant. Tu pourras l’élaguer, surtout dans la première partie ou le mettre à la poubelle.
croix_de_feu.jpg
J’aurais voulu aussi évoquer notre grève du 12 février 1934 à la suite de la tentative de coup d’état suscité par les Croix de feu du Colonel de la Roque le 6 février. Seule notre promo avait fait grève, car avec Jo Dépouly et quelques copains nous étions déjà très politisés.

Ce 12 février 1934 une immense manifestation de défense de la République avait lieu à Paris (1 million et demi de participants). Notre directeur, le bon père Thubet avait pris la chose du bon côté et il n’y avait pas eu de sanctions, sauf quelques zéros infligés par “le Miègre”, M. Juillet, prof de maths non gréviste et intransigeant sur sa “mission” et … la nôtre, dans l’Éducation Nationale.

J’y ai renoncé, car mes souvenirs de cette journée étaient plus flous que
notre projet pour Tahiti

seins-nus-vahine.jpgC’était, il y a 75 ans. Les douze élèves-maîtres de la “maigre” promotion 1932-1935 (71ème) dont je reste, hélas, l’unique survivant, persuadés qu’ils formaient l’élite de la Savoie… et de la Nation, se préparaient à la fin de leur troisième année à goûter enfin le plaisir de la Liberté et de la Vie. Rêvant d’une existence riche et heureuse comme leurs prédécesseurs qui avaient souvent été leurs maîtres et leurs mentors, leur joie se nuançait d’une vague angoisse à l’idée de quitter le cocon sécurisant de l’EN et les copains. Demain, il faudrait affronter la solitude du bled et leurs responsabilités d’homme et de pédago.

Toutes sortes d’hypothèses fleurissaient dans nos jeunes cervelles, lorsqu’un jour, sur l’École Libératrice (je crois) nous apprenons que plusieurs postes d’instits étaient vacants à Tahiti et dans “nos” îles et terres paradisiaques du Pacifique… Olé !!! Il n’en fallait pas davantage pour réveiller nos certitudes et ambitions juvéniles et humanitaires sur la colonisation et l’exploitation honteuse des indigènes par nos colonialistes sans cœur et sans pitié ! Sans compter, bien sûr, sur l’image combien séduisante des jolies vahinés à l’épiderme caressant, doré et bronzé à souhait, avec leurs colliers de fleurs parfumées et leurs yeux noirs plein de promesses délicieuses… Et qui ne manqueraient pas de se jeter à nos cous de blancs désintéressés à notre descente d’avion ou sur la passerelle du navire.

Et voilà qu’en bloc, d’un seul cœur, malgré les timides réserves de deux ou trois sages, nous décidons de franchir le Rubicon et de répondre directement à l’annonce, en posant nos douze candidatures enjolivées de douze signatures bien lisibles… Bien entendu, pas un mot aux autres promos qui auraient pu nous piquer le “job”, ni à notre brave père H. Thubet, le patron traditionaliste qui ne manquerait pas de lever les bras au ciel de stupeur et d’effroi !!!

“Alea jacta est”, la demande étaient partie et nous attendions quelque peux anxieux le sort réservé à notre missive, quand après une longue attente d’espoir et de crainte, le bon papa Thubet, notre “Tob”, me fait appeler à son bureau. À peine entré, je devine qu’il se passe quelque chose de grave et d’inédit. Il brandit une grande feuille de format administratif et me dévisageant d’un air à la fois déconcerté et outragé. “Mais vous êtes devenus fous ! Quelle mouche vous a piqués ?” s’écrit-il d’une voix qui se voulait sévère, mais conciliante. Pourquoi ne m’en avez-vous pas parlé ?

Je bredouillais sous le choc, décontenancé… que nous étions décidés à aider les populations exploitées, à briser le joug des colons exploiteurs, que nous voulions élargir nos horizons pour mieux voir le monde, que nous n’avions pas osé, que ceci, que cela… sans trop de conviction.

Il me fait lire le courrier officiel venu de je ne sais quel ministère des colonies… C’était un NIET ferme et définitif, et dûment motivé “que, à 19 ou 20 ans, nous n’étions pas majeurs, qu’il nous fallait, pour postuler outre-mer avoir effectué son service militaire”, etc… etc… Bref, la douche froide si redoutée et espérée à la fois.

Mon retour devant les camarades ne fut pas flamboyant. Le rêve s’était éteint, les colliers parfumés des jolies vahinés flétris et nos projets mirifiques d’abolir l’esclavage et la misère, noyés dans les eaux de l’immense Pacifique. La colonisation pouvait attendre encore un peu et les petits Savoyards - nos futurs élèves- ne seraient pas privés des lumières de douze éminents pédagogues qui avaient failli s’envoler dans un autre monde.

 

(les illustrations sont de Daniel Bret et n'engagent pas l'auteur de l'article !)

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19 juin 2010 6 19 /06 /juin /2010 10:04

france bleue

 

Ce matin, samedi 19 juin 2010, France Bleue Pays de Savoie a interrogé notre ami Yves Paccalet de la 99 ème promotion sur sa vision de l'École Normale d'Albertville. On pourra retrouver l'enregistrement à l'adresse suivante :

http://sites.radiofrance.fr/chaines/france-bleu/?nr=77de3b2a24968ad76e2282ea0b0717e5

Cliquer sur le bouton "écouter l'enregistrement".


Il souligne l'ascenseur social que fut cette institution.


Il n'est pas impossible que l'on ait d'autres échos de notre rencontre du 26 juin dans des émissions ultérieures suite à un autre enregistrement que j'ai fait avec Nathalie Grynzspan.

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17 juin 2010 4 17 /06 /juin /2010 07:06

Merci à Gilbert Bosetti, qui fit un passage apprécié à l'École Normale, de nous livrer ainsi un texte plein d'émotion. Il reflète bien la vie de cette époque avec ses relations fortes entre les normaliens et avec les professeurs. Relations qui ont souvent perduré malgré les années et l'éloignement. db.


Prof d'italien à l'E.N. d'Albertville, jeune débutant d'octobre 61 à septembre 62, puis appelé à 18 mois de service militaire, et revenu enseigner seulement un trimestre au printemps 64 avant d'être appelé à la Fac de Grenoble, je n'ai effectué qu'un bref passage dans cet établissement.


Néanmoins, je garde de vifs et excellents souvenirs de cette période. M. Noël avait accueilli le bizuth que j'étais comme un père; M. Chauvineau m'avait trouvé un logement chez la famille Pollet qui m'a hébergé et dont deux grands enfants furent mes élèves (comme elle avait hébergé mon prédécesseur Paul Crinel hélas décédé).  Entre temps, mes collègues Loisy, Bouvier, Laurençot qui à mon retour assurait l'intérim après la brutale disparition de M. Noël, sans oublier René Flandin qui allait quelques années plus tard devenir mon beau-père ont disparu et je crains qu'il en soit de même pour le prof de math Cussaq. J'aimerais avoir des nouvelles de Christiane Ortollan, prof de sciences nat, très attentive aux autres et qui m'avait secouru lors d'une asphyxie. Je n'oublie pas le prof de gym Quentin qui me permit de faire le stage de ski des 1ère année.
A midi, je mangeais à l'époque au réfectoire avec Loisy lui aussi issu de l'ENS de Saint Cloud (comme Crinel, Giolitto, futur directeur et Chauvineau l'intendant) et je me liai d'amitié avec les surveillants André Pallatier (qui me fit découvrir le centre de recherches sur l'imaginaire de Gilbert Durand), et Michel Perroud: tous trois nous fîmes lors des vacances de Pâques un mémorable voyage en Sicile. Dédé m'a donné des news de Michel.


Merci à Gilbert Muraz, élève devenu collègue de l'Université de Grenoble, et à André Pallatier que je n'ai jamais perdu de vue, de m'avoir signalé cette initiative de Daniel Bret et de Lucien Carrel de renouer des liens distendus. Je souhaite aux organisateurs de la réunion le succès qu'ils méritent. Hélas, le 26 juin Jacqueline Bosetti née Flandin et moi, nous sommes depuis longtemps retenus par une réunion autour d'amis de trente ans isérois.


Last but nos least, mes élèves dont je revois les visages. Même si, emporté par le "tourbillon de la vie" comme le chantait Jeanne Moreau dans Jules et Jim, je me suis peu manifesté après mon départ pour Grenoble (sauf auprès de la fille de M. Flandin devenue mon épouse!), les élèves que j'ai eu la chance d'avoir - parce que triés sur le volet, ils constituaient une petite élite - sont restés très vivants dans ma mémoire. Sans doute, parce que c'étaient les premiers dans mon expérience d'enseignant, que j'avais guère plus que leur âge et qu'au retour du service militaire (j'avais un tantinet mûri, eux en 4e année avaient beaucoup mûri) des liens d'amitié s'esquissaient. J'ai retrouvé peu de noms familiers sur les listes provisoires; j'espère que se manifesteront d'autres que j'ai connus.


Evidemment, surtout ceux qui apprenaient l'italien, Michel Folliet revu sur les pistes de ski, Jean-Pierre Thomasset retrouvé à Grenoble, mais aussi Jean-Louis Froment, Permezel et d'autres bizuths; ou en 2E année Gil Passet et Marc Peisieu, Joël Perrin et Maurice Pichon (?), Stéphane Berthet et Charles Vianney ou en 3e année Jean-Paul Vial, Tréguer, Bellemin et Truchet. Même des anglicistes à qui j'ai infligé quelques cours de "dessin" ou d'histoire en remplacement de Bouvier. Je n'ai pu accompagner mon épouse à la retraite de Claude Vallier mais il sait que je pense à lui.


De tous ceux-là et d'autres encore, j'aimerais avoir des nouvelles et pour cela je laisse dans ce message mes coordonnées. Une photo d'époque me ferait grand plaisir. Idem pour Dédé et Roger Pollet, mais j'ai des nouvelles par leur soeur Lucienne.
Pardon à Daniel Bret d'avoir été un peu long, mais je le remercie d'avance pour qu'il transmette ce message aux promotions concernées.
Chaque fois que je passe devant l'E.N. lors de visites à mon beau-frère Michel Flandin, j'ai un pincement de coeur. "Un petit caillou dans ma chaussure" comme le chante Amélie les crayons.


Gil Bosetti


P.S. Mon épouse Jackie Flandin a cru se reconnaître sur la photo des funérailles de M. Noël parue sur votre site !

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3 juin 2010 4 03 /06 /juin /2010 00:00

Pierre-Alain Favre de la 102 ème promo vient de nous communiquer la liste de cette 102ème et je l'en remercie. Restent à compléter deux noms et les adresses. Tu trouveras cette liste en fin de semaine dans les documents publiés récapitulant les inscrits, les noms dont on a l'adresse et ceux dont on ignore encore l'adresse.

Annapurna.jpg

 

Pierre-Alain, dit Petit-Pralo, nous écrit :

"en parlant de Pralo, j'ai une pensée pour le "Grand Pralo", Yves Favre,  de la 100ème, décédé à L'Annapurna en septembre 1981*, lors d'une expédition des guides de Pralognan-la-Vanoise. Il était instit à Praranger dans les Belleville ; son épouse Rosy a été longtemps instit à Bozel."

 

* Yves Favre, Andre Durieux and Sherpas Pemba Tsering and Ang Nima were killed by avalanche

Exped. of the Guides of Pralognan-Vanoise to Annapurna 81. Leader Jean-Paul Vion.

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